RMC DECOUVERTES – MARDI 3 OCTORE 23h35
Marcadier Barzoï, un nom qui résonne comme une mélodie vintage, mais qui incarne une époque révolutionnaire de l’histoire automobile française, les années 60. C’était une époque où un homme, depuis son atelier dans la région lyonnaise, pouvait se lancer dans l’aventure de la voiture de sport française, marquant ainsi le sport automobile. Cet homme, c’était André Marcadier, un tourneur devenu légende grâce à sa maîtrise de la soudure et à son désir de partager des moments mémorables avec ses amis.
André Marcadier était tout sauf un magnat des affaires. Sa passion résidait dans la liberté, le plaisir de créer, d’innover et de se surpasser pour donner vie à ses rêves. Après avoir été ajusteur-tourneur-fraiseur pendant la guerre, il a choisi la liberté, partant à la découverte de la France à vélo juste après la libération. Contrairement à ceux qui attendent sagement leur retraite pendant des décennies, Marcadier était un homme en mouvement, avide de rencontres et de créations.
De retour dans la région lyonnaise, le hasard l’a conduit à travailler sur la construction d’une voiture qui n’a jamais vu le jour. Cependant, sa rencontre avec Jo Imbert en 1948 l’a orienté vers l’industrie naissante des vélos, car à l’époque, la France n’était pas encore prête à se motoriser massivement. Les Cycles Imbert-Marcadier sont nés, et grâce à la qualité de leurs vélos, ils ont acquis une petite notoriété.
Mais au début des années 50, la demande pour les vélos Marcadier a commencé à diminuer face à la montée en puissance de l’industrie automobile. Il a fallu diversifier les activités : cadres de motos, mobilier métallique, tout était bon pour maintenir une activité florissante. Puis, à la fin des années 50, le karting a commencé à gagner en popularité en France, et Marcadier a sauté sur l’occasion en proposant des châssis pour ce nouveau sport à quatre roues. En 1961, les châssis Marcadier ont remporté leur première victoire, un signe avant-coureur de ce qui allait suivre.
Cependant, le destin de Marcadier bascula lorsque, au cours d’une discussion entre amis, il décida de se lancer dans l’industrie automobile. Avec Marcel Fournier et Patrick Orlando, il entreprit la création de sa première barquette, la FM 01 (FM pour Fournier-Marcadier). Entre 1963 et 1966, une cinquantaine de kits furent fabriqués. Marcadier croyait en une idée simple : la voiture de sport ne devait pas être un luxe réservé à une élite fortunée, mais accessible à tous. Il était un fervent défenseur du concept « Light is right » de Colin Chapman, le pionnier britannique de la légèreté en sport automobile.
À cette époque, tout le monde pouvait vivre des moments palpitants sur les circuits français grâce à des voitures comme la Simca 1000 ou la Renault 8, notamment la Gordini. Marcadier est allé plus loin en proposant des kits pré-montés, offrant ainsi une expérience unique sur des bases mécaniques communes. Les moteurs Renault de 960 cm³ à 1600 cm³ étaient utilisés, et les pièces des Renault 8, 8G, 10 et 16 étaient facilement disponibles. D’autres composants venaient de Simca ou de Peugeot.
En 1967, sous la pression de ses clients, André Marcadier présenta une version dérivée de sa barquette FM, qu’il baptisa Barzoï. Fidèle à son credo, il veilla à ce que cette voiture reste abordable, avec un prix de seulement 7000 francs en 1969. Le Barzoï était un coupé au design fluide, aux portes papillon et incroyablement léger, pesant environ 540 kg. Entre 1967 et 1969, une trentaine de kits furent vendus, permettant ainsi à de nombreux passionnés de goûter à l’excitation de la course automobile.
En 1970, André Marcadier devint le seul maître à bord après le départ de Marcel Fournier vers une vie plus conventionnelle. Il continua à développer le Barzoï, lançant une version légèrement améliorée en 1970, portant à 70 le nombre de kits livrés d’ici 1972. Cette phase 2 du Barzoï conservait les éléments de la phase 1, avec le moteur en position centrale arrière, mais se démarquait par des persiennes sur la vitre arrière.
En 1972, le Barzoï entra dans sa phase 3, arborant une carrosserie aux ailes plus imposantes et des suspensions avant et arrière triangulées. Le prix du kit, qui avait jusqu’alors oscillé autour de 7500 francs, grimpa soudainement à 14 000 francs. Seuls 20 kits furent vendus jusqu’en 1974. En parallèle, Marcadier lança en 1972 le Barzoï K, équipé d’un moteur en porte à faux, offrant une alternative plus simple et abordable, toujours autour de 7000 francs. Plus de 100 kits furent vendus jusqu’en 1976.
Pour maintenir son activité, Marcadier continua à produire des barquettes, ainsi que des Formule Renault au début des années 70. Il proposa même des kits sur la base de la Renault 4 (Bamby) et de la Renault 6 (Savane), donnant naissance à des modèles au look de Renault 5 décapotable, avec une production d’environ une vingtaine d’exemplaires.
En 1977, la production du Barzoï prit fin pour laisser place à la Barzoï 2, au design résolument plus seventies, mais qui n’atteignit jamais le succès de son prédécesseur, avec seulement une cinquantaine d’exemplaires vendus. Par la suite, Marcadier se tourna vers la production de répliques en kits de voitures emblématiques telles que la Lotus Seven ou la Ford GT40, un virage moins amusant mais toujours dans le monde de l’automobile.
Avec environ 220 kits Barzoï produits, il est difficile de déterminer combien de coupés ont réellement vu le jour. Certains kits ont peut-être été achetés mais jamais montés, et la qualité de construction variait d’un exemplaire à l’autre. Cependant, ceux qui ont eu la chance de conduire un Barzoï bien assemblé ont pu apprécier la vivacité et la légèreté de ces coupés artisanaux, les derniers témoins d’une époque révolue, mais incroyablement mémorable dans l’histoire de l’automobile française.
MARCADIER Monoplace Formule Renault 1974 – 77
Monoplace répondant à la réglementation du championnat de Formule Renault Nationale (1974-77).
Châssis tubulaire en acier brasé avec panneaux d’aluminium rivetés, suspensions triangulées, moteur Renault 12 Gordini 807 G en position centrale arrière, boite de vitesses Renault 365 FR.
Empattement : 2.27 m,
Voies : 1.40 m,
Poids : 450 kg.
5 exemplaires construits.
Marcadier Barzoï en vente en Europe
> 35 382 €
Fiches techniques
1967/1972
Carrosserie : coupé sport
Moteur 4 cylindres en ligne d’origine Renault
1255 cm3 développant 103 ch à 6750 tr/min
1596 cm3 développant 155 ch à 7000 tr/min
Vitesse maxi : de 180 à 200 km/h selon le moteur
Dimensions
Longueur : 3.60 m
Largeur : 1.53 m
Hauteur : 0.98 m
Il n’y a pas de successeurs à un ythe…